Geneviève Frixon
Tel un phénix, le rapport Perruchot sur le financement des syndicats, renaît de ses cendres grâce à l’hebdomadaire « Le Point » qui s’en est procuré l’intégralité. Pour les plus patients, voici le lien http://www.lepoint2.com/pdf/rapport-perruchot.pdf
C’est un roman qui brosse un état des lieux des ressources financières des syndicats de salariés professionnels ainsi que des organisations patronales. La commission d’enquête a pu collecter des indications chiffrées et constaté la complexité des circuits de financements légaux pouvant aboutir à de possibles dérives, notamment au niveau des comités d’entreprises. D’ailleurs la mission déplore qu’une partie des archives du CE de la SNCF ait brûlé et s’étonne du rachat de la société Trigano par celui d’EDF. Le rapport met également en avant : « certaines incongruités, à commencer par celle d’un évident déficit de représentativité d’organisations dont l’essentiel des ressources est parfois déconnecté des cotisations de leurs adhérents ».
A titre d’exemple d’ailleurs, les syndicats ouvriers ne perçoivent que 4% de leurs ressources (100-150 millions d’euros) des cotisations de leurs adhérents alors qu’elles représentent, à titre comparatif, 80% des entrées dans des pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Italie ou la Suède. Un exemple allemand : Le puissant syndicat IG Metall (2,26 millions d'adhérents sur un total de 3,4 millions de salariés dans le secteur).
Les organisations patronales ne sont pas épargnées. En dehors de l’Etat il existe une autre manne non négligeable, c’est la participation à la gestion des organismes paritaires (80 millions). D’après « Le Point » de toutes les organisations patronales la plus suspecte est la FNSEA emblème du monde paysan. Comptabilité floue, proximité incestueuse avec les chambres d’agriculture financées en grande partie par des fonds publics, et d’avancer un chiffre : 26,5 millions d’euros. C’est ce que tirent les syndicats agricoles de leur assurance maladie (MSA) pour 5,6 millions de bénéficiaires quand le régime général de la Sécurité Sociale rétrocède aux syndicats 30 millions pour 50 millions d’affiliés.
D’après le site « sauvegarde retraites » ni l’Etat ni les syndicats n’ont intérêt à jouer la transparence, c’est ce que nous laisse à penser l’attitude du gouvernement, qui a commandé à la majorité de s’abstenir lors du vote sur la publication de ce rapport en espérant garder la main sur les négociations professionnelles et ainsi préserver la paix sociale.
Nous déplorons la part d’irresponsabilité de nos politiques qui, nourrissent d’une main en espérant ne pas être mordus et nous saluons le courage de Mr Nicolas Perruchot,qui donnera sa version des faits dans un prochain livre, ainsi que celui des journalistes du Point qui osent la publication intégrale sur leur site.
Sources : Le Point n° 205
Sauvegarde retraites
Rapport Perruchot